La forêt en Île-de-France

La biomasse forestière a plusieurs origines et se présente sous plusieurs formes que vous retrouverez dans la rubrique combustibles (bûches, bois déchiqueté, granulés). Quelles que soient les transformations subies, ces combustibles proviennent de la forêt. La ressource en biomasse forestière provient essentiellement directement de la forêt, des entreprises de première transformation du bois (scierie), des centres de recyclage de bois en fin de vie (palettes en fin de vie) ou de bois urbain (élagage).

Une région urbaine et forestière

L'Île-de-France concentre 19 % de la population française sur 2,8 % de la France métropolitaine. Dans ce contexte fortement urbanisé, la forêt remplit plusieurs fonctions importantes : rôle économique de production de bois et de services, rôle écologique de préservation de la biodiversité, d'amélioration de la qualité de l'air et de la qualité des eaux et enfin un rôle social.

La forêt francilienne s'étend sur une surface d'environ 260 000 ha selon l'Inventaire forestier national (IFN). Rapportée à la superficie régionale, elle représente un taux de boisement de 21 %, qui reste assez proche de la moyenne régionale de 30 % (sur les 13 régions à compter de janvier 2016).

La répartition spatiale de la forêt est très hétérogène : quelques très gros massifs forestiers (principalement ceux de Fontainebleau et Rambouillet) émergent au milieu d’une forêt dispersée dans le territoire rural de la grande couronne. Les départements du noyau urbain central sont les plus pauvres en espaces boisés : le taux de boisement passe ainsi du simple au triple entre la petite couronne et les Yvelines.

Une forêt majoritairement privée et morcelée

En 2012, la forêt privée francilienne s’étend sur 160 400 hectares et appartient à 16 500 propriétaires. Chaque propriétaire possède en moyenne 9,7 hectares de forêt dans un même département, une superficie légèrement supérieure à celle observée au niveau national (8,5 hectares).

66 % de la forêt francilienne est détenue par des propriétaires privés. Dans les propriétés forestières de 1 à 4 hectares, on compte en moyenne 9,2 parcelles différentes d’un seul tenant d’une superficie d’environ 0,2 hectare chacune. Pour celles de 10 à 25 hectares, le nombre de parcelles différentes s’élève à 17,5 avec une superficie moyenne de 0,8 hectare. Ce morcellement ne facilite pas la gestion durable de la forêt, le propriétaire de petites parcelles ayant peu recours à un technicien forestier, contrairement aux propriétaires de parcelles plus importantes.

Une forêt qui progresse

Malgré son caractère urbain remarquable, l’Île-de-France est aussi forestière que bon nombre d’autres régions françaises. De plus, la forêt progresse de 0,7 % par an en moyenne.

Le bois d’œuvre de première qualité est sous-représenté avec seulement 3 % de ce volume contre 51 % pour le bois d’œuvre de deuxième qualité et 46 % pour le bois d’industrie. La production brute globale, estimée à 1,4 million de m3 par an pour une surface forestière de production de 253 000 hectares.

La production moyenne régionale est de 5,53 m3/ha/an. Le volume sur pied total est estimé à près de 44 millions de m3, soit 2 % du volume national. L'Île-de-France détient un volume à l'hectare qui reste dans la moyenne nationale avec 175 m3 à l'hectare.

Une forêt feuillue diversifiée

La forêt francilienne, encore plus nettement que la forêt française, est essentiellement composée d’essences feuillues (90 % en surface et en volume) parmi lesquelles prédomine largement le chêne sessile (32 % du volume sur pied). Le chêne pédonculé et le châtaignier (absent des sols à calcaire actif et des stations trop hydromorphes) se partagent la deuxième place avec chacun 12 % du volume. Le frêne (7 %) trouve sa place dans les stations fraîches à nappe peu profonde sur sol fertile. Les autres essences feuillues représentent toutes moins de 5 % chacune : peuplier (vallée humide surtout), robinier faux accacia (essence parfois envahissante aux qualités mellifères), bouleau, saule, chêne pubescent (coteaux calcaires). Les autres essences feuillues sont des essences d’accompagnement, qui ne parviennent que très rarement à l’étage dominant. Certaines peuvent cependant être très abondantes dans le sous-étage, tel le charme, ou plus anecdotiques bien que très intéressantes, l’alisier torminal ou les fruitiers divers.

Les résineux représentent à peine plus de 10 % de la surface forestière de la région. Il s’agit essentiellement du pin sylvestre présent sur 75 % de la surface résineuse. Constamment présent dans la région depuis des millénaires, il n’a été dominant qu’en périodes froides. Sa relative importance aujourd’hui dans la partie méridionale de la région, provient du fait qu’il y a été planté au 19e siècle, pour reconstituer l’humus sur des sols appauvris. D’une grande frugalité, il supporte des sols pauvres ; dans les sols plus fertiles, il est souvent écarté au profit du pin laricio.

La santé des forêts franciliennes

La région d’Île-de-France se trouve à la limite orientale du domaine biogéographique atlantique, dont les caractéristiques sont légèrement modement le hêtre sont les essences les plus représentées dans la végétation climacique. Le chêne sessile est l'essence la plus dynamique dans l'ouest de la région, sauf sur les calcaires de la partie méridionale où il est supplanté par le chêne pubescent. Le chêne pédonculé, associé au charme et au tilleul le remplace dans la moitié est, sauf dans le massif de Fontainebleau, où la tendance plus humide et plus fraîche du climat permet au hêtre d'être le plus compétitif. L'aulne glutineux, le frêne, le bifiées en Brie par des tendances continentales, et au sud (Gâtinais, Beauce) par des influences méridionales.

Ces facteurs bioclimatiques, associés à une importante diversité de substrats, conduisent à des types variés de végétation potentielle où les chênes et local. En 2015, les forêts franciliennes ont connu une période estivale chaude et ensoleillée, contrairement aux années précédentes. L’absence de pluie entre le début mai et la mi-août a causé de nombreuses mortalités aux nouvelles plantations de chênes sessiles, bouleaux pubescents se partagent les zones humides en fonction de leur acidité. Par ailleurs, le cynips du châtaignier est de nouveau fortement présent dans les massifs de châtaigniers d’Île-deFrance, et y poursuit son extension.

Les interventions humaines ont profondément modifié la végétation climacique, plus d'ailleurs en ce qui concerne la strate dominante que la flore arbustive et herbacée. La sylviculture, par ses traitements en taillis, simple ou sous futaie, a jadis favorisé les essences rejetant de souche (chêne, charme, tilleul, bouleau) au détriment du hêtre. Elle a également introduit massivement des essences étrangères à la région ou peu répandues naturellement : le châtaignier pour les feuillus et le pin sylvestre pour les conifères.

Le mélange futaie-taillis et la futaie régulière domine

Les peuplements sont constitués en moyenne de 2 à 3 essences principales et seule une proportion de 12 % de la surface forestière est occupée par des peuplements monospécifiques.

Le taillis, jadis beaucoup plus développé, était destiné à la production de bois de chauffage et de charbon de bois. Actuellement il n’en subsiste guère qu’en forêt privée sur moins de 10 % de la surface.

Le mélange futaie-taillis est issu de l’ancien mode de gestion en taillis sous futaie, qui permettait à la fois une production de bois de chauffage par le taillis mais aussi de bois d’œuvre de différents diamètres, grâce aux arbres de la futaie (la réserve), laquelle était gérée en veillant à l’équilibre des classes d’âges. L’abandon de ce mode de gestion depuis le milieu du 20e siècle aboutit à un vieillissement généralisé avec déséquilibre vers les classes d’âges les plus élevées. Ce type de peuplement occupe 46 % de la surface forestière.

La futaie régulière où les peuplements sont conduits avec l’objectif principal de production de bois d’œuvre de diamètres proches (futaie équienne) est le traitement qui aujourd’hui a les faveurs des propriétaires forestiers notamment grâce à sa gestion simplifiée. Cette futaie peut être obtenue, soit par régénération naturelle d’une futaie existante, soit par plantation après coupe rase, soit, et c’est le cas le plus fréquent, par conversion d’un taillis sous futaie. La proportion de peuplements traités en futaie a donc tendance à augmenter au détriment des autres modes de gestion.

La futaie irrégulière est un mode de gestion, qui réduit l’unité de traitement homogène à une sous-parcelle de quelques hectares (le parquet) ou de quelques milliers d’ares (le bouquet), voire, à l’extrême, moins encore. Elle a l’avantage d’optimiser la récolte de bois tout en maintenant constamment un état boisé homogène, sans impact paysager ni choc environnemental pour le sol et les communautés animales et végétales, mais présente l’inconvénient d’une gestion plus complexe. Ce mode est très peu représenté en Île-de-France (2‰), mais mériterait sans doute de l'être plus, notamment en forêt périurbaine.